Corine, Olivier, Viviane, Thalia, Noé et Malika au Burkina Faso
avec la FENOP, le CEFISE et E-CHANGER

mercredi 21 février 2018

J'ai cessé d'être coopér-acteur

C’était il y a bien longtemps, 5 ou 6 ans je crois, je me disais que la coopér-action ce n’était pas toujours de la rigolade, mais il fallait éviter de se prendre trop au sérieux. Je maintiens mes déclarations et en plus je persiste. Mais parfois, pris dans le tourbillon des activités et de l’importance qu’on me donne et que je prends avec plaisir, je m’aperçois finalement que souvent je pourrais dire que j’ai cessé d’être un coopér-acteur…

…lorsque j’ai commencé à dire que les gens d’ici sont comme-ci ou comme-ça.
…lorsque j’ai commencé à penser que rien ne se serait  fait si je n’étais pas venu.
…lorsque j’ai commencé à laisser dire que je fais des sacrifices.
…lorsque j’ai commencé à croire à l’inutilité de mes sacrifices.
…lorsque j’ai commencé à vendre de la misère.
…lorsque j’ai commencé à oublier mon propre plaisir d’être ici.
…lorsque j’ai commencé à dénigrer mon pays d’origine pour faciliter mon intégration ici.
…lorsque j’ai commencé à dénigrer mon pays d’accueil pour valoriser mes sacrifices.
…lorsque j’ai commencé à me sentir indispensable.
…lorsque j’ai commencé à penser qu’ici ils n’ont rien.
…lorsque j’ai commencé à dire J’ai fait ceci ou cela.
…lorsque j’ai commencé à me satisfaire de mon importance.
…lorsque j’ai commencé à mettre plus d’importance sur mon travail que sur celui de mes    partenaires.
…lorsque j’ai commencé à trouver normal de travailler sans mon partenaire.
…lorsque j’ai commencé à prendre des décisions sans en référer à l’association partenaire.
…lorsque j’ai commencé à devenir plus important que les responsables de l’association.
…lorsque j’ai commencé à parler de mission pour aider les pauvres qui ne savent pas.
…lorsque j’ai commencé à oublier le mot engagement
…lorsque mon engagement ne me sert que de tremplin à mon futur professionnel
…lorsque j’ai commencé à minimiser le terme de profession
…lorsque j’ai commencé à mettre plus d’importance sur le contrat que sur l’ensemble de l’aventure.
…lorsque j’ai commencé à vérifier les détails de mon contrat pour être  sûr de mes avantages.
J’aurai donc cessé d’être un coopér-acteur lorsque je ne prêterai plus attention à mon attitude et qu’insidieusement j’aurai laissé transcender mon colonialisme socioculturel au détriment du concept d’autodétermination des peuples.

Si un jour je cessais de réfléchir à tout ça, j’aurai réellement cessé d’être un coopér-acteur pour devenir un soldat de l’impérialisme intellectuel ethnocentrique…

Et je me dis aussi que, parfois, un bon coup de pied dans la fourmilière de ma bonne conscience ne fait pas de mal. Alors je ressors ce vieux texte de notre ancien blog http://jinotegach.blogspot.ch/ pour que mon idéal continue d’être alimenté par la richesse des relations humaines au Sud comme au Nord.

mercredi 31 janvier 2018

(O) Anachorète

Le silence c’est bon. Surtout la nuit et le dimanche matin. Chez moi, la recherche d’un havre silencieux devient une obsession. L’environnement sonore dans lequel j’évolue ces dernières années me pousserait même à viser un anachorétisme dans lequel toute forme de stimulation sonore serait proscrite. En général, on appelle ça un caisson d’isolation sensorielle, mais le hic c’est que tu te sens assez rapidement à l’étroit. Je ne me vois pas non plus d’imiter ces illustres hommes qui ont fait de l’éloignement social leur choix de vie.

Bon, si on considère les noms que portaient certains ermites, on peut comprendre que ça les ait poussés à quitter la société des hommes. Effectivement, quand on s’appelle Timon le misanthrope, Onuphre l’Anachorète ou Evagre le Pontique on peut comprendre leur besoin d’isolement. Sinon il y a bien Nicolas, mais lui c’est peut-être qu’il n’a plus supporté les cris de ses dix mioches, à moins que ce ne soit sa femme qui l’ait foutu à la porte?

Je ne porte pas un nom à la mords-moi-le-nœud ; je subis héroïquement les désagréments sonores de mes enfants, et j’aime bien les gens en général. Sans compter que, parfois, je me laisse aller à boire mon petit verre et savourer quelques sticks de poissons (même si certains voudraient me les servir avec du ketchup). Rien ne me prédispose donc à quitter la société pour aller m’enfermer dans un isolement béat si ce n’est un désir d’ascétisme sonore.

Mes aspirations d’érémitisme sont alimentées par les bruits : j’ai eu affaire à un coq (résolu par une élimination physique), à une école coranique (résolu par un déménagement) mais surtout aux pollutions sonores que je ne peux maîtriser. Un coq, tu peux lui tordre le cou ; mais comment faire avec le nouveau soudeur qui vient de s’installer en face de chez toi et qui, depuis trois mois, soude, scie et meule (surtout meule…) de 6h du matin à 19h, sept jours sur sept ? Oui vous avez bien lu, même le dimanche !

Tous les dimanches, je me réveille donc avec la douleur qui me vrille les tympans, avec les dents qui semblent vouloir mixer du gravier et les nerfs qui se pelotonnent entre les vertèbres cervicales, sans oublier le soupir rageur de Madame. Et tout ça, accompagné d’une tension au niveau du plexus qui précède un désir homicidaire aigu. Bref, une fois de plus, c’est dans la fuite que j’ai trouvé la quiétude et surtout que j’ai évité des déboires judiciaires. Et, comme chez nous la chance a toujours eu le gîte et le couvert, on nous a proposé dans un quartier plus tranquille un nid plus silencieux pour achever notre séjour africain.

Et c’est ainsi que mes nuits s’écoulent dans un silence salvateur, entre le muezzin de la petite mosquée d’en face et la chorale évangélique de l’église derrière chez nous qui, doucement, me rappellent tous les matins dès quatre heure au mécréant que je suis, que bien des gens sont déjà réveillés et prient pour ma dernière heure de sommeil…

mercredi 26 juillet 2017

(O) Les sticks de mes amis

Mon collègue m’a refilé un bouquet d’arachides fraîches ce matin, salopiot, va ! Tout le monde sait que les arachides sont absolument incompatibles avec le travail, surtout à deux semaines des vacances, quand déjà vous n’avez plus trop le cœur à l’ouvrage. Et voilà une matinée procrastinatique à ajouter à mon bilan hebdomadaire.

C’est que mon sagouin de collègue savait ce qu’il faisait : il ne pouvait ignorer l’attirance quasi morbide que provoquent ces petits fruits, et je suis l’une de ces pauvres créatures qui perdent tout contrôle devant une poignée d’arachides. 

Et c’est là que, décortiquant et mastiquant avec frénésie, laissant les effluves de culpabilité se disperser aux rotations du ventilateur, je pense nourriture. On parle ici de nourriture terrestre, bien sûr. Je ne vais pas vous gaver de considérations intellectuelles, je veux juste parler de ces petites choses de la vie que tout le monde me reprochera mais dont la saveur d’interdit rend l’envie encore plus irrésistible. 

C’est alors, que mes pensées vagabondes s’en sont allées là-bas, par delà le désert, la mer et les Alpes. Je me retrouve au milieu des vignes et des pommiers et je m’attarde dans quelques demeures où des allusions gastronomiques m’ont été susurrées et où mon cœur et mon ventre me disent que je devrais me rendre à mon retour. Et ce rêve tournoie autour d’une poêle à frire qui nourrit mon oreille du doux pétillement de l’huile chaude.

Je devrai presque cesser d’écrire tellement je salive à l’évocation de ces horribles choses auxquelles on a osé ajouter le mot poisson. Je vous parle bien des sticks de poissons, bien dorés, croquants sous une montagne de mayonnaise et noyés sous un flot de jus de citron. Péché avoué étant à moitié pardonné, je reconnais devant mes frères que j’ai péché en pensée, en parole et par écrit et que, ma foi, il me semble difficile de n’y point succomber.

Et succomber grâce à ces amis qui ont évoqué d’une façon ou d’une autre ces fameux sticks de poissons, n'est-ce pas en soit une bonne raison?J’attends donc l’année prochaine pour voir de mes yeux la nouvelle poêle antiadhésive qu’un ami n’aura pas manqué d’acheter après son coup de gueule culinaire ; je suis impatient aussi d’aller attaquer cette montagne de Kaplas panés promis par une autre amie qui, si elle lit ce post, se rappellera à mon bon souvenir…

vendredi 19 mai 2017

(O) Le muezzin, les nonnes et les canards

Il y a un côté rassurant à Ouaga, c’est que lorsque vous déménagez, il y a toujours une mosquée quelque part : c’est la promesse de réveils en douceur, même aux aurores. Nous on a, comme d’habitude, un bol d’enfer. Dans notre quartier, il y en a trois et gâteau sur la cerise, nos voisines directes sont des nonnes. Ces dernières, hormis les fois où elles profitent de la terrasse dominant mon arrière-cour lorsque je sors à poil chercher de l’eau pour me rincer la mousse suite à une coupure intempestive, sont discrètes et ne dérangent presque personne.

Qui dit mosquée dit muezzin, qui dit nonnes dit psaumes. On n’y coupe pas, c’est des règles comme ça qui font marcher les religions. Et nous, depuis quinze mois que nous vivons dans ce quartier, baignons dans cette ambiance sacrée qui rythme nos heures. 

Oui, mais non ! Cette atmosphère recueillie cache quelques dissonances de taille. Tout d’abord, tout ce beau monde est extrêmement matinal. Le premier muezzin réveille le quartier à 4h30 et 10 secondes ; plus tard le deuxième s’exprime à 4h30 et 25 secondes ; et Madame émet sont premier râle à 4h30 et 26 secondes. Je n’ai pas l’oreille musicale, mais vivant à mi chemin entre les deux haut-parleurs, les sons qui nous arrivent nous paraissent un peu cacophoniques. Dès cet instant et jusqu’à 5h31, nous entendons nos deux muezzin toujours décalés, tous les quarts d’heures. A 5h31 les nonnes d’à côté se mettent de la partie et les sourates font place aux cantiques.

Toujours ce « mais » ! En plus de chanter en décalé, il se trouve que la mosquée ouest a changé de muezzin. Je vous avais parlé du coq et du Muezzin, il y plus d’une année. Aujourd’hui j’aimerais partager avec vous les canards du muezzin ! Non seulement il chante faux, mais depuis qu’il a pris ses fonctions, il a augmenté le volume de son haut-parleur. Imaginez notre difficulté à conserver du lait…

Autre « mais » ! Les bonnes sœurs ! Discrètes comme tout, elles chantent relativement bien et m’évite de le faire en prenant ma douche du matin. C’est quoi mon problème avec elles, me demandez-vous. J’y viens, j’y viens, on se calme, le temps que je trouve la formule respectueuse pour dire qu’elles me font sérieusement ch… le dimanche matin ! Et oui, le dimanche, jour de repos de tout individu normalement inséré dans le monde professionnel, ces moniales ne trouvent rien de mieux que d’intégrer un djembé pour accompagner leurs psaumes. Et, alors que vous rêvez d’une grasse matinée aux côtés de votre dulcinée, vous entendez : « Seigneur ouvre mes lèvres », clac boumboum tam, « et ma bouche annoncera ta louange », clac boumboum tam, « Dieu viens à mon aide », clac, boumboum tam, « Seigneur hâte-toi de me secourir », clac boumboum tam, etc, etc… ».

Je ne me permettrai pas de faire preuve de traditionalisme, mais j’avoue regretter le bon vieux temps où les muezzins chantaient sans haut-parleurs et les moniales accompagnaient leurs psaumes à la cithare ou à la flûte…

mardi 25 avril 2017

(O) Cambronne, mon héros à moi

La censure a ceci de déplaisant qu’une part essentielle de ma culture et de mon langage a failli m’échapper. Il y a des mots que dans mon enfance je n’avais pas le droit de prononcer. Face à l’inquisition encore active, prononcer ces mots mis à l’index auraient causé l’ire de mon saint entourage et m’auraient valu l’excommunication du clan. Les braves inquisiteurs Eymerich ou Torquemada redescendus de leur enfer céleste ne m’auraient pas fait plus peur que les foudres de ma famille, de mes enseignants (tiens, ils étaient de la famille aussi...) et de mon curé. Non, je n’aurais jamais osé prononcer certains mots qui ont fleuri depuis dans ma bouche et exhalent encore un doux parfum d’interdit.

Je n’ai donc découvert Cambronne que bien plus tard, ce héros enfoui sous les décombres de la bienséance et de l’hypocrisie, bienfaiteur de l’humanité que l’on traite en paria car il a su populariser le mot libérateur de tension. Révolutionnaire de la langue qu’on méprise, dans une culture vouée à l’élitisme intellectuel, il n’aura eu que l'admiration et le respect de l’ennemi anglais pour avoir prononcé un mot qui, pourtant, sied si bien à la langue française. Cette découverte m’a permis de réclamer enfin mon dû culturel et linguistique et de m’insurger contre cette France qui n’a pas su reconnaître le verbe fleuri de ce digne général qui, bien avant l’heure, a su exprimer le mot qui définit le mieux ma déroute mentale actuelle, mon Waterloo émotionnel.

Merde ! Le mot est lâché! Pardon chère famille, pardon monsieur le curé si, infidèle au dieu Grévisse, j’ai osé une fois et que, depuis, j'use de ce terme comme d'une drogue.

Ni école, ni église, ni morale ne peuvent m’empêcher aujourd’hui de le dire sur tous les tons pour envoyer au diable les ennemi de ma quiétude : sur un ton exaspéré, pour les compagnies d’eau et d’électricité du coin qui inondent ma naïveté de fausses promesses et court-circuitent mes illusions, sur un ton abattu pour les températures élevées qui plombent mon énergie, sur un ton assassin pour mon garagiste qui tient ma voiture et mon organisation familiale en otage depuis plus d’un mois. Je l’emploie ensuite sur un ton empli de tout ce que mon cœur peut produire de plus colérique et méprisant pour asséner ce merde à tous les faiseurs de guerre, à tous les profiteurs de la détresse humaine et particulièrement à tous ces gens bien comme il faut qui n’ont jamais rien fait pour que le monde aille si mal, mais su qui n’ont jamais rien fait contre non plus. Avec beaucoup de compassion et de détresse, je le crie pour ces millions de personnes qui sont en train de mourir de faim près de chez moi, pendant qu'au nord on vote et on élit ceux qui leur permettront de mourir plus discrètement!

Et soudain, quasi étouffé par tant de merde, j’aimerai étoffer mon vocabulaire d’un nouveau mot, car à trop le répéter je l'en avais, comme aurait dit Bedos, vidé de son sens. Mais je ne trouve aucun autre mot pour qualifier la puanteur qui m’entoure depuis quelques temps, les nouvelles du monde me rendent incapable de prononcer autre chose que ce mot et, comme Cambronne qui refusait de se rendre, je n’ai que le mot de mon vénérable héros.

J’aurai bien un autre juron de trois mots, que je ne prononcerai pas ici, et qui met en cause quelqu’un qui aurait prononcé beaucoup plus de mots que mon héros Cambronne et au nom duquel l'humanité est capable de se plonger dans la plus profonde des merdes... Mais je ne les dirai pas, car je dois préserver ce qui reste de mon salut!

mardi 18 avril 2017

(O) Un concert que vous ne pouvez pas rater...

Publication de Rosemarie, notre représentante cantonale: "Un moment exceptionnel à vivre. Une expérience musicale unique. Et en plus, une bonne action pour une très bonne cause. N'hésitez plus, téléphonez pour réserver votre place, notez dans votre agenda et... n'oubliez pas votre polaire..."

Commentaire de moi: Un concert au lac souterrain de Saint Léonard, je vous envie... Je vous prêterai bien ma polaire, mais je risque d'en avoir besoin à Ouaga, des fois que la température chuterai... 

jeudi 13 avril 2017

(O) Eaunéant et Sonavilaine

Deux nouveaux monstres hantent Ouaga et mon existence, deux archanges de sécheresses et de ténèbres qui, sous des dehors affables, ont pris possession de mon confort. Endormi par de belles déclarations auxquelles bien sûr, seule Madame n’y a pas cru, je me suis laissé entraîner vers de fausses espérances. Tel Hansel gavé de douces promesses, je me suis retrouvé enfermé dans la cage aux naïfs. Eaunéant et Sonavilaine, le couple infernal s’apprêtaient, après m’avoir fait goûter les saveurs de la maison des rêves, à me faire bouillir à la marmite angoissante des coupures…

Non !!! Non !!! Non !!! Je veux me réveiller, laissez-moi sortir de ce cauchemar !!!  

Et non, effacez-moi ce sourire soulagé de vos visages, l’histoire n’est pas finie, écoutez la détresse de ma complainte !

Parfois, juste parfois, j’éprouve une réelle jouissance à exprimer mon ras-le-bol, à user de ma situation pour attirer la compassion générale sur mes déboires. Bien évidemment, ma détresse n’a rien à voir comparée à ces millions de personnes condamnées à tondre leurs pelouses tous les samedi, condamnées à devoir acheter les meilleures marques de vêtements pour que leurs enfants ne soient pas rejeté de leurs groupes, condamnées à laver les jantes de leurs voitures à l’eau potable, condamnées à zapper pour ne plus voir le visage de ces autres millions de personnes qui crèvent librement, sans savoir que quelques part sur la planète des personnes vivent avec tant de contraintes.

Bon, comme à part verser une petite larme, je ne peux de toute façon rien faire pour la préservation de l’espèce conshumaine, je reviens à mes propres préoccupations. La vie de coopér-acteur, on s’en doute, à ses avantages et ses inconvénients. Si vous étiez statisticien, vous vous diriez, en lisant mes posts qu’il y a plus de d’inconvénients. Je ne vais pas vous détromper, car sinon, je ne saurai pas comment jouer le rôle du « bon petit gars, parti là-bas dans des conditions effroyables pour aider ces pauvres qui n’ont rien… ». Les inconvénients sont donc trrrèèès nombreux, suffisamment du moins pour m’obliger à écrire mes états d’âmes dans notre blog. 

Non, je ne raconte pas des conneries ! Il se passe des choses qui ressemblent à des manœuvres d’intimidations pour me faire fuir le pays. Meuuhh non, je ne suis pas parano, encore moins complotiste ! D’autres que moi vivent les mêmes problèmes. Eux aussi se sont laissé avoir par les deux mauvais génies de l’eau et de l’électricité qui sévissent dans le pays. Vous avez compris qu’il s’agit d’Eaunéant et de Sonavilaine. Pour ma propre sécurité je ne peux dévoiler les noms sous lesquels ils se cachent ici.

Ces deux-là t’annoncent avec de grand battement d’aile médiatique, un monde meilleur, plus irrigué et électrifié que jamais. Pauvre crétin que je suis ! Le jour de cette merveilleuse annonciation, rêvant d’une nouvelle ère hydro-électrique, je me mis confiant sous la douche sans le moindre doute. Mon côté parano - peut-être que je le suis quand même - et complotiste me fait dire que ces deux démons ont du brancher une caméra dans ma salle de bain et que, morts de rire, ils visionnent la scène du gars tout savonneux de la tête au pied qui attend naïvement le retour de l’eau… Bien sûr, ce jour-là il est tout seul, et c’est avec un bonheur diabolique qu’Eaunéant et Sonavilaine le voient se rendre compte de la réalité et entendent sa complainte se perdre dans le désert…

…Une serviette éponge autour de la taille, un coup de lavette autour des yeux, un seau en plastique, j’ouvre la porte de derrière, priant le ciel que les nonnes d’à côté n’aient pas l’idée de venir chanter des cantiques sur leur terrasse qui surplombe ma réserve d’eau. Je plonge mon bidon dans le fût et précipitamment retourne me rincer… Je m’apprête à me laisser caresser par la brise fraîche des ailes du ventilo quand Sonavilaine se met de la partie… Mouillé de transpiration par 42°, je rêve d’une bonne douche…

Voilà. Malgré mon côté râleur et mélodramatique, je tiens à signaler le côté positif de la chose : tu peux prendre ton bain peinard et te raser en même temps, tu ne risques ni électrocution ni court-circuit vu qu’il n’y a ni eau ni électricité. Madame, toujours elle, me dira qu’il n’y a pas de baignoire non plus et, perfidement, susurrera qu’il n’y a pas grand-chose à raser non plus…